La crise du coronavirus et les solutions mises en place pour y faire face apportent un convaincant démenti à l’idée, communément admise, de la priorité de l’économique sur tout le reste dans le monde d’aujourd’hui. En effet, contrairement à ce qui aurait pu être attendu, quatre milliards d’individus sont aujourd’hui confinés et la vie économique est au point mort, afin de délester les hôpitaux et de préserver la vie des personnes fragiles. À titre de comparaison, la grippe dite de Hong Kong fit un million de morts dans l’indifférence totale en 1968-1969 1.
L’époque n’est pourtant pas si lointaine. Depuis, nous sommes entrés dans un autre monde, un monde où l’âge « normal » de la mort se cale sur une espérance de vie en hausse quasi constante 2 et où la mort « accidentelle », celle qui survient avant le déclin « naturel » de l’organisme et qui pourrait par définition être évitée, même à des personnes déjà âgées, est devenue insupportable. Pour autant, le confinement consenti et l’argument de la protection des plus faibles sont-ils les marqueurs d’une humanité soudainement plus altruiste que celle envisagée par les dystopies ? Ces fictions qui prétendent mettre à nu, en les poussant à leur extrême, l’individualisme, la déshumanisation et l’utilitarisme qui gangrènerait, de manière plus ou moins voilée encore, nos sociétés, seraient-elles exagérées ? … suite de l’article publié dans le Woxx (8/52020) sur le lien :
https://www.woxx.lu/author/eloiseadde619608089/